28 mars 2009

Opeth @ Rockefeller

Opeth est une nouvelle fois de retour à Oslo, celle qui les a vu jouer d’innombrables fois depuis la sortie d’"Orchid" en 1995. Pas étonnant que le show de ce soir soit complet, les Norvégiens réservent toujours aux Suédois un accueil à la hauteur de ce qu’ils ont accompli. C’est au Rockefeller que se tiendra l’événement, endroit ô combien symbolique de la capitale nordique. Les portes ouvrent à 20h et 15 minutes avant la queue fait presque le tour du bâtiment.
À l’intérieur, la salle se décompose en une fosse et un balcon où les premiers arrivés s’attablent bière en main. Un espace "lounge" permet même de regarder simultanément le concert sur un écran géant avec un système son décoiffant de réalisme. Bref, les 1350 fans venus ce soir seront à l’aise, moi y compris. Retrouvailles avec Espen, représentant de Roadrunner pour la Norvège, et c’est pass photo en main que nous nous dirigeons vers un espace presse, backstage, pour une petite bulle.
C’est le projet solo du leader d’ Emperor, Ihsahn, qui ouvre pour les Sudéois. Difficilee d’oublier combien il était efficace au sein d’Emperor. Son projet solo est plus progressif, mais n’atteint pas une intensité sans précédent. Mais le groupe est chez lui et en joue intelligemment pour convaincre l’assemblée. Les lignes mélodiques et les solos alambiqués mériteraient une écoute plus attentive que les conditions sonores ne permettent malheureusement pas. Qu’on soit leader d’Emperor ou pas, une première partie reste une première partie, avec le statut que ça implique.

Changement de plateau rapide, la pression monte du côté des fans. Habituelle discussion avec les groupies du premier rang, indiscrétions sur la set-list puis noir-scène. Le Rockefeller tout entier exulte avant que les premiers accords de "Heir apparent "arrivent enfin. Un son massif qui satisfait des mois d’attentes. Et c’est un euphémisme de dire qu’en live, Opeth c’est carré. Ce qu’il faut de maîtrise et de folie furieuse (Per derrière ses claviers laisse ne ménage pas sa nuque), presque indescriptible tellement le quintet tape là où peu de formations n’imaginent même pas aller. "Ghost of perdition" prend la suite, assommant les premiers rangs tandis que derrière les plus virulents font voyager leurs cheveux. Mikael Åkerfeldt ne déroge pas à sa réputation et enchaîne blagues et grimaces pour ce premier break. Suédois et Norvégiens se comprenant parfaitement, c’est tout naturellement dans sa langue maternelle que le seul rescapé de la formation originelle s’adresse à ses fans, de quoi regretter d’avoir eu de justesse son examen de Norvégien. But atteint, le public communique avec le groupe et vice-versa, une ambiance détendue qui prépare à la suite. "Godhead’s lament" a fait remonter les fans jusqu’à Still Life. Toujours dans un registre metal, les Suédois font forte impression. Fredrik Åkesson est plus à l’aise que jamais et enchaîne les positions "heavy metal"comme il l’aurait fait alors qu’il était encore au sein d’ Arch Enemy. "The leper affinity" termine ce déluge de distorsions avec brio. D’un bout à l’autre des titres, Opeth donne ce sentiment d’un bloc massif, 5 musiciens de haut vol à 110% et qui donnent le sourire à des fans plus qu’heureux. "Credence" marque le pas dans des sphères acoustiques et mélancoliques. Le leader d’Emperor a eu la bonne idée de se placer juste à ma gauche pour regarder ses compères Suédois mener une véritable démonstration. J’en mène pas large quand Hessian peel débute, quand bien même le deuxième extrait de "Watershed" est sauvagement bon. Les growls de Mike jouxtent des passages acoustiques apaisants, le public est complètement hypnotisé. Planté dans le sol, Martin Mendez oublie qu’il a dû consulter un médecin d’urgence la veille, se plaignant de sa main droite, et s’acharne sur sa basse, donnant cette assise au son du quintet. La surprise de la soirée vient de "Closure", cet extrait de Damnations aux effluves orientaux. L’audience plonge dans un titre psychédélique, aérien où Mike, yeux fermés, statique, semble voyager autant que ses fans. Tout se finit avec "The lotus eater," perle rare de "Watershed", où la fosse survoltée donne ses dernières onces d’énergie. Le groupe quitte la scène sous une ovation générale où on sent un profond respect.
À son retour sur scène, Mike s’adonnera avec un malin plaisir à faire participer la foule à un concours de air-headbang, sans musique et toutes lumières allumées. C’est Delivrance qui mettra fin à un concert de plus d’une heure trente qui est passé trop vite de toute façon. Inutile de préciser à quel point la fin de ce titre est jouissive, un festival de lumières accompagnant ce riff polyrythmique familier.

Opeth restera un groupe incomparable, disponible, humain et généreux. Ce passage à Oslo aura prouvé une nouvelle fois qu’on est pas LE groupe death-prog pour rien.

Pour les photos, cliquez ici pour Ihsahn et ici pour Opeth

Pierre

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