12 mai 2008

KoRn

Les villes industrielles ont toujours été révélatrices de talents, Bakersfield (USA) ne fait pas exception. Sortir de la médiocrité du quotidien, beaucoup de groupes ont visé et visent toujours cet objectif, le KoRn des débuts n’a pas fait exception. Le « mais » arrive quand un groupe a priori commun, dans une ville commune, se fait l’inventeur d’un style musical qui aura son heure de gloire, fort de riffs lourds, d’ambiances glauques et d’énergie cathartique. 1994, le Néo Métal était né.
KoRn est un peu le Master Of Puppets de la fin du 20e siècle, un album que tout métalleux qui se respecte possède, une rupture à lui tout seul. Alors que Metallica sombre dans la médiocrité avec Load et Reload, KoRn donne un violent coup pied dans la fourmilière métallique de l’époque et le pire, c’est que ça marche. Le début de Blind, qui fait vibrer des stades entiers aujourd’hui (ou hier), est un avertissement. « Are you ready ?», trois mots venus d’ailleurs, scandés la rage au ventre par Jonathan Davis, avant que les guitares n’entament ce riff gras si connu aujourd’hui. « Les guitares étaient accordées bien plus bas que ce qui se faisait à l’époque. N’importe quel riff était heavy !» dixit Monte Connor (Roadrunner) qui résume bien un des piliers du son KoRn : les guitares s’accordent aussi bas que Jonathan va chercher loin en lui pour exprimer son mal-être. Le futur HIV se dévoile jusqu’à pleurer sur le poignant Daddy, un titre qui aura son lot de légendes, alimentant la figure d’un Jon Davis dans lequel les kids se reconnaissent. Ball Tongue poursuit après Blind pour en accentuer les effets. L’ambiance est toujours aussi pesante, les couplets sont l’occasion de bruitages qui peuvent rappeler les ricanements lycéens, quand sa différence fait de soi un être à part. KoRn, c’est ça, des cris rageurs contre ceux qui ne comprennent pas, et Clown en est l’expression type (cf le clip). La mention « Explicit lyrics » est évidente : KoRn donne dans l’enfantin macabre avec Shoot & Laders, où la cornemuse fait une apparition remarquée, ce ne sera pas la dernière. Predictable sonne la charge, alors que la section rythmique se délaisse des artifices pour aller à l’essentiel : un jeu lourd, exempt de fioritures, signé David Silveria. Ce à quoi s’ajoute une basse dont le rôle traditionnel est largement abandonné au profit d’un son métallique de slap, fulgurant à souhait : un autre pilier du son made in KoRn. Aux manettes de ce premier opus, Ross Robinson fait des miracles avec un son heavy et gras, des murs de guitares et une voix largement mise en avant, entre vocalises et cris presque effrayants (Fake).
1994, le Néo Métal était né. Un mouvement largement exploité par la suite, mais rarement dans le bon sens. Quoi qu’on dise, KoRn en est l’un des tournants majeurs, un choc électrique qui soulèvera une bonne partie de la communauté métal.

Pierre

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil