22 septembre 2008

Metropolis Part 2 : Scenes From A Memory 1999

13 ans après leurs débuts, les américains de Dream Theater abordent l’enregistrement de Scenes From A Memory plus motivés que jamais. Leur dernier album ayant fait un flop relatif chez leurs fans de toujours, ils mettent tout en œuvre pour réaliser une pièce unique, insistant sur tous les poins pour obtenir un résultat proche de la perfection. Le point de départ des séances d’écriture n’est autre que le génial Metropolis part 1, présent sur Images & Words et composé à l’époque sans même penser à une deuxième partie (le "part 1" ayant apparemment été ajouté comme une plaisanterie). En prenant un titre plus que réussit comme base, le groupe prenait déjà les choses par la face nord, mais en ajoutant l’idée d’un concept album, le challenge était encore plus ambitieux. Au programme, neuf scènes et deux actes, narrant musicalement l’histoire de Nicholas, dont les cauchemars le hantent nuit après nuit.
L’album s’ouvre sur "Regression", un plongeon dans l’inconscient de Nicholas, qui cherche à chasser ses démons par l’hypnose. Les 12 pistes de l’album sont autant d’épisodes dans l’exploration de son subconscient et on comprend au fur et à mesure, paroles à la main, que l’intéressé est la réincarnation d’une certaine Victoria, l’objet de ses cauchemars, victime en 1928 (d’où le titre "Ouverture 1928") d’un meurtre, conséquence funeste d’un combat fratricide pour son amour. Version raccourcie du concept de l’album certes, mais l’essentiel est là. Le développement de cette histoire en musique est une franche réussite, et l’on se prend au jeu de lire les paroles avec avidité, pour en savoir davantage sur l’avancée de « l’enquête ». Musicalement parlant, cet album reflète enfin le véritable potentiel de composition du quintet d’outre-atlantique. Chaque titre ou presque possède sa référence à Metropolis part 1, un phrasé, une rythmique, un unisson mélodique… "Strange Déjà Vu" met déjà la barre très haut, et la production met parfaitement en valeur chaque musicien. Recruté il y a peu pour prendre la suite de Derek Sherinian, Jordan Rudess complète un line up qui reste le même aujourd'hui. En retrait la plupart du temps par rapport à la guitare, le claviériste sait quand même se montrer et apporter ce qu’il faut d’ambiance et d’harmonie, notamment avec l’utilisation d’un vrai piano et pas de samples cheap qu’on croirait tout droit sortis de Mario Bros. "Fatal Tragedy" traduit à cet effet la complicité naissante entre les touches et les cordes en actes : tout en harmonie, cette envolée à la fois lyrique et funeste est un petit chef d’œuvre à elle seule. Dream Theater sans technique ne serait pas Dream Theater. De ce côté-là, le contentement est total, là où les passages techniques s’intègrent parfaitement au reste du titre, porgressant à grands coups de shred et autres dialogues entre piano et guitare, vers une fin que l’on trouve toujours trop rapide. "Beyond This Life", à coup sûr l’un des titres les plus rentre-dedans de la discographie du groupe, applique les théories de la dissonance avec brio, tout en exploitant ce côté heavy jusque-là légèrement en retrait. "Through Her Eyes" marque une pause méritée, bien que le titre soit nettement en dessous du niveau du reste de l’album. Malgré tout indispensable au développement de l’intrigue, il introduit le mélancolique "Home".
Épisode tragique de l’histoire, en l’occurrence le départ de Victoria des bras se son fiancé pour aller se plonger dans des draps de son frère, "Home" est du long de ses 12 minutes un panel épatant de tous les talents du groupe : hypnotique et inquiétant au début, heavy par la suite, mélodique et enfin technique pour finir sur des cris érotiques évoquant la décision de Victoria de rejoindre le frère d’un individu rongé par ses addictions. Clairement technique, "The Dance Of Eternity" n’est en fait qu’un hommage caché à tout ce qu’un Frank Zappa a pu apporter à la musique avec ses arrangements toujours innovants. "One Last Time" et le tubesque "The Spririt Carries On" sont l’expression pure de la tragédie dont Victoria a été victime : jaloux de son frère vers qui elle s’est finalement tournée, il tuera l’amour de sa vie, avant de se donner la mort. "Finally Free" met fin à la séance d’hypnose dans un enchaînement d’accords mineurs. Des coups de feu retentissent : l’hypnothérapeute, réincarnation du frère assassiné, prend sa revenge.
Une histoire bien ficelée, des compositions qui tiennent sur pied, Scenes From A Memory est la consécration qu’attendait le groupe depuis Images & Words. C’est aussi un nouveau départ pour le quintet américain, désormais en marche vers un succès chaque fois plus grand.

À Aurélie.

Pierre

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