29 janvier 2009

Me, Myspace and My Band @ Mondo Bizarro 2009


On connaissait le Myspace découvreur de talents, où comment l’instantané digital pouvait fabriquer des artistes en moins de temps qu’il ne le fallait pour l’imaginer. C’est pourtant en tant qu’organisateur de concert que Myspace s’est évadé de la matrice pour une soirée rock’n’roll au Mondo BIzarro, emblème rock de la singularité bretonne.
Au menu des réjouissances, 4 groupes, 4 concerts courts et intenses, 4 publics différents. De l’aveu même de son guitariste, c’est sur un « public à froid » que Shane Cough décharge en premier ses riffs noisy. Connu pour des prestations live marquantes, notamment sur la tournée d’Intraveineuse, le quatuor reste dans le même registre. Une tête blonde a remplacé une tête brune au micro mais la nouvelle chanteuse est plus qu’à l’aise sur les planches rennaises. Arrivé à la bourre, je ne profiterai que de la seconde moitié de leur concert, mais quelle moitié ! Toujours aussi possédés, les locaux de l’étape ont donné un avant-goût plus qu’alléchant de l’album à venir. Autre jeune pousse bretonne, les Scums prendront d’assaut la scène avec leur pop-punk catchy alors qu’en coulisse, les Banane Metalik se maquillent activement, un rituel de près d’une heure pour « rentrer dans le personnage ». Un étage en dessous les Scums tournent les BB Brunes et autres Déportivo en dérision avant de reprendre les Foo Fighters. Un show intéressant mais sans réelle aspérité.
Pour avoir observé les Noïd en backstage, on peut dire sans mentir que le groupe est « true fuck’in rock’n’roll ». Bourbon et Gibson Flying V pour un relent de Texas en terre bretonne. Pas de pression, le groupe connaît bien les lieux pour y avoir joué un paquet de fois et récemment avec les Bukowski. Être un peu comme à la maison n’empêche pas les problèmes techniques, dirigés en formation d’attaque vers Damien, qui a peu du mal à comprendre le fonctionnement de son ampli d’un soir. Attente puis détente, le groupe envoie enfin la purée. Et ce n’est pas faute de l’avoir dit plus tôt, grosse claque BIS. Clairement heureux d’être là pour défendre une nouvelle fois « Sleepless night », basse, guitares et batterie se donnent à fond quitte à perdre un peu le contrôle, c’est ça finalement l’esprit du live. Le Mondo s’est bien rempli et quelques aficionados reprennent les paroles de « Nothing said » ou de « It’s time to stop », pendant qu’un punk s’échauffe intensément les cervicales devant les pieds de micro. Fin de set, 30 minutes c’est court. Transpirant, le quatuor rejoint les loges sous les félicitations du public, affaire classée.
Apès avoir assisté à la séance de maquillage de deux membres des Banane Metalik, la curiosité se fait prégnante. Clairement prêt à des sacrifices pour rentrer dans le personnage, le groupe dégage dès son arrivée sur scène une générosité doublée d’une authenticité à toute épreuve. Sur scène comme dans le public, l’esprit punk domine et les créations capillaires exubérantes font loi. Dès les premières secondes de gore’n’roll, le public qui était compact, dans la position d’attente traditionnelle, recule brutalement pour laisser place aux licenciés du club « slam dance ». Les bières restent péniblement dans les verres, mais qu’importe, un concert punk est un concert punk. C’est clairement le bordel et le chanteur de la formation rennaise s’en réjouit à s’en faire péter les cordes vocales. Un groupe punk tête d’affiche d’une soirée du label « Me, Myspace and My band », on appréciera le paradoxe. Néanmoins pour le public bravant la chaleur du club rennais, c’est avant tout une soirée gratuite, opportunité unique de voir une figure de la scène bretonne et de mettre le souk sous les accords écorchés du gore’n’roll.
Comment on dit déjà ? Ah oui, bi-di-bim !

Le reste des photos ici et

Pierre

Sticky Cheese - Box



Besançon, c'est pas foncièrement la capitale mondiale du rock. Mais combien de formations se sont exilés de villes similaires pour devenir des groupes internationaux ? En tout cas c'est tout ce qu'on souhaite à Sticky Cheese, quatuor moins franc-comtois que franc du collier. Parti enregistrer un EP en Angleterre avec Robin Baynton, le groupe s'est offert des conditions d'enregistrement professionnelles, pour un rendu qui ne l'est pas moins: Box est une franche réussite. Prochaine étape, tourner encore et encore pour ce groupe qui a faim de scène, son élément naturel. Question style, le groupe embrasse le genre rock, avec toutes ses influences, passerelles et issues de secours. Un joyeux mélange, abrasif et entêtant.



On a beau dire, le rock anglais est toujours une référence, malgré ses épisodes à mèche et ses passages electro-épileptico-naze. Si le son de Sticky cheese devait se référer à un rock anglais, ce ne serait pas celui là, mais plutôt celui de The Clash, Radiohead ou Blur. Une époque et des influences exprimées sans retenue dans un EP a la carrure d’album. Parti en Angleterre pour enregistrer, le quatuor a fait fort. Un son à la hauteur et une production de haut niveau pour ce qui reste pour l’instant la seule production studio des franc-comtois. Déjà, ils ont su se mettre les atouts sonores de leur côté. Mais ce n’est pas tout. Le groupe aurait pu se contenter de recracher ses influences pour un résultat aussi plat que le relief Hollandais, mais non. En se donnant du mal, on finit toujours par arriver à quelque chose d’innovant et « Box » en est la preuve. La section rythmique est une base parfaite pour les mélodies à la fois alambiquées et catchy des quatre titres de « Box ». Une batterie qui innove à chaque structure et des guitares qui dialoguent pour un rendu homogène, cohérent et franchement rock’n’roll. En gros, ça balance des watts. Les quatre morceaux sont un condensé de l’énorme potentiel du combo, partant dans des rythmiques arrêtées à la The Clash pour Raw Dream, ou dans un dépoussiérage du genre sur High minded. Le doublage des voix est d’un effet des plus réussit, on plane ! Les riffs de fin remettent tout en place, entre concentré d’énergie et progression toute en émotion. Difficile de ne pas tomber sous le charme tant le groupe nous promène tout au long de ces quatre titres dans des ambiances totalement différentes. En un peu moins d’un quart d’heure, les franc-comtois offre un voyage que peu d’EP permettent, tant le format est restreint. Nasty storm passe de chœurs à la Radiohead à un break acoustique venu d’on ne sait où, et le pire, c’est que ça marche. Les « fromages qui collent » tiennent le bon bout et ne lâche pas la tension avant la dernière note de Starlight Exposition, final abrasif qui vous laisse sur votre faim. Un signe plus que positif, preuve que Sticky cheese marque les esprits avec son mélange de rythme à l’anglaise et de mélodies planantes. Du gros gros potentiel !

Pierre

Hacride - Itw en studio

Entretien réalisé par téléphone avec Benoist (basse) le 17 décémbre 2008.

La tournée d’Amoeba s’est conclue en Novembre pour une date au Ferailleur de Nantes, comment ça s’est passé ?


C’était vraiment bien ! On a vraiment apprécié le concert et l’accueil des gens. On était déjà passés par cette salle pour la tournée avec Dying Fœtus et on avait vu que les gens accrochaient bien même si la plupart étaient là pour Dying Fœtus. Du coup on s’est un peu demandé comment cette dernière date allait se passer et puis en fin de compte il y avait beaucoup de monde, on a rencontré des supers groupes… c’était vraiment un bon aboutissement ! Après on était pas forcément très prêts puisqu’on était encore en studio, à fond sur le nouvel album donc ça nous a fait un peu bizarre de se remettre dedans mais c’était vraiment cool.

Vous en avez profité pour jouer des nouveaux titres ?

Non justement on a pas eu le temps. On voulait faire un set spécial, intégrer des chansons inédites pour créer un concert unique pour la fin mais on a vraiment pas eu le temps. Après les sessions d’enregistrement, on a eu juste trois jours off pour répéter donc pas assez de temps pour jouer les nouveaux morceaux et tout mettre en place.

Actuellement, l’enregistrement est terminé ?

Pas tout a fait encore, Sam est en train d’enregistrer ses lignes de chant en ce moment. On a encore des samples à enregistrer dans d’autres studios, des instruments acoustiques aussi. Le mix a déjà été attaqué un peu par Franck Hueso mais il attend d’avoir toute la matière pour allez plus loin. Il nous connaît bien, pour avoir enregistré Amoeba notamment, et puis c’est notre ingé son en live donc il sait quoi faire.

Pourquoi le choix du Loko Studio pour enregistrer ?

Le Loko Studio a été choisi surtout pour la batterie, parce que la salle de prise est assez vaste, pour créer une batterie ample et avoir un maximum de naturel dans la prise de son. En plus le matériel d'enregistrement du Loko est vraiment performant et il a fait des gros groupes type Aerosmith. On voulait vraiment partir sur un truc professionnel pour la batterie.
Là bas on a fait uniquement nos prises de batterie, ainsi que nos prises de son de guitare et de basse. On avait déjà enregistré nos lignes de guitares et basses dans le home studio d'Adrien avec une technique qui s'appelle le Reamp et qui consiste à enregistrer d'abord les sons clairs dans un ordinateur et ensuite de rediriger ces sons, via un boîtier, dans des amplis traditionnels, ce qui nous permet de les réenregistrer à l'infini en fait. Si le son ne nous plaît pas, il suffit d'envoyer les prises de guitare/basse à nouveau dans d'autres amplis. Donc ce qui est bien c'est que c'est jamais figé et que ça nous fait gagner beaucoup de temps en studio.

Quelle est la différence entre le Hacride qui a enregistré Amoeba et celui qui enregistre en ce moment, votre approche du studio a-t-elle évolué ?

On est plus sûrs de nous, tout simplement. Pour Amoeba on voulait sonner « comme », tout en cultivant notre spécificité. On écoutait des CD et on se disait « ah tiens ça sonne comme ça, on devrait peut-être sonner comme ça ». Là on est sûrs de nous, on a pas voulu sonner comme quelqu'un d’autre. On avait tout de suite une direction, tout a été très très vite. Je me souviens pour Amoeba on avait mis deux jours pour faire le son de batterie, là ça s’est fait en une après-midi. Pour les guitares on avait tourné en rond, là ça c’est fait directement. On a acquis des automatismes au cours des enregistrements précédents, ce qui fait que l’on a moins douté pour cet enregistrement.

Est-ce que le son, particularité évidente d’Amoeba, va subir une évolution pour ce nouvel opus ?

Le son évolue bien entendu, rien qu’au niveau des accordages de guitare et de basse, qui seront beaucoup plus graves. Les tempos sont aussi un peu plus lents, on essaie de plus se poser sur les riffs, de moins être essoufflés comme sur Amoeba, d’avoir des atmosphères moins haletantes. On a voulu plus poser les ambiances, avec un côté progressif qu’on a développé encore plus, avec des morceaux encore plus longs. Évidemment ça reste toujours aussi fou.

On va donc retrouver ces riffs polyrythmiques et ces touches acoustiques ?

Il y a un peu de tout ça en fin de compte. Fondamentalement Hacride ça reste tous les outils que l’on a utilisés sur Amoeba. C’est vraiment une évolution, encore un autre visage d’Hacride sans pour autant changer complètement. L’accordage par exemple crée des ambiances différentes par rapport à Amoeba. Mais il y a toujours des riffs complexes et des passages acoustiques, mais on a utilisé les mêmes outils que sur l’album précédent et qu’on sait maintenant utiliser d’une manière plus directe.

Est-ce que tu peux présenter succinctement les différentes phases de l’enregistrement à nos lecteurs les moins au fait de ce processus ?

Alors il y a une phase de pré-prod où Adrien enregistre des guitares dans son home studio avec des boîtes à rythme pour qu’on puisse se rendre compte à peu près du morceau. Ensuite on réarrange tous ensemble le morceau, on le répète etc. Après vient l’enregistrement des guitares et basses chez Adrien et enfin l’enregistrement les batteries et les sons définitifs de guitare et de basses au Loko. Le chant est fait dans un autre studio à côté de Poitiers. Ensuite viendra la phase de mixage en studio, avec Franck Hueso. Et puis on fait le mastering avant d’envoyer tout ça au label. En gros ça prend environ huit mois.

Vous vous êtes donnés une direction artistique pour cet album ?

On ne s’est jamais mis de contraintes artistiques. La seule direction prise pour cet album a été de développer notre côté progressif. Les essais d’accordages faits par Adrien vont dans cette direction, pour créer un aspect plus triste aux titres, plus progressifs.

Comment allez vous gérer la parution de l’album ? Est-ce que vous allez céder à la mode du téléchargement libre ?

On a pas encore réfléchi à tout ça même si on sait que Listenable le fait depuis assez longtemps sur des plateformes payantes. On aimerait faire comme NIN ou encore Radiohead évidemment, mais pour l’instant on est pas au fait de décider ça, c’est surtout le label qui s’occupe de la sortie. Mais c’est une initiative mortelle pour la musique, si ça peut se développer de plus en plus c’est bien. Mais le problème c’est que pour l’instant il n’y a que les artistes qui n’en ont « pas besoin » qui le peuvent, même si nous on n’en pas besoin puisqu’on rapporte pas des milles et des cents bien évidemment.

Que dire de la tournée qui va suivre la sortie de l’album ? Quelques festivals d’été sont au programme ?

C’est en train de se faire, on aimerait bien pouvoir faire une tournée européenne en support direct d’un groupe. On a quelques propositions, on va voir ce qui est possible pour nous. On aura une tournée en France évidemment et quelques festivals d’été qu’on est en train de booker. De toute façon on veut tourner un maximum pour assurer la promo du CD.

Tu as jeté une oreille sur les derniers AC/DC, Guns’n’Roses et autres Metallica ?

J’ai jamais été fan des Guns sauf cette fameuse chanson dans Terminator 2 mais je l’ai écouté quand même car je suis un peu fan de Ron Thal, le guitariste. Si je peux juger leur travail, je dirais qu’il y a des idées intéressantes même si l’album dans son entier est pas super. Par contre il y a des surprises, ils nous ont pas fait un album à la AC/DC justement où on s’attend à la chose. J’adore vraiment le groupe mais c’est du déjà-vu, aseptisé. Le Metallica est super bien par contre. Je suis super fan depuis les et pour moi c’est un bon contact après St Anger, je le trouve vraiment bien.

Qu’est ce qu’on pourrait souhaiter de meilleur pour Hacride en 2009 ?

Une tournée avec Megadeth (rires)… !

Propos recueillis par Pierre pour W-Fenec

Hacride - Amoeba


Quand Hacride donne sans complexe dans le metal dit moderne, ça pique les yeux, saigner les oreilles et bouger les cervicales. Suite d’une première production studio qui les avait menés sur les routes pour deux tournées, Amoeba est une véritable démonstration en 10 chapitres de la capacité à créer des ambiances complexes, malsaines, atmosphériques, le tout porté par des arythmies qui visent juste. S’arrêter sur toutes les influences qui traversent cet album serait un travail titanesque, mais comment ne pas ne pas s’attarder sur ces guitares hispanisantes, echo tranquille d’un métal sans condition ? Parfait exemple de cet oxymore musical, "Fate" aborde successivement des registres acoustiques, des rythmiques black-metal, et un riff qui joue avec les octaves. Il serait pourtant injuste de parler de metal hispanique ou autre sous genre qui catégoriserait Amoeba. Simplement, Hacride propose là une musique violente, aux rythmes essoufflés, aux ombres prog et aux racines metal, tout simplement.
La première écoute est si chargée en surprises qu’il est parfois difficile de savoir ou donner de la tête. Malgré tout, le groupe offre quelques points de repères mélodiques, ou le chant prend toute sa dimension, alors qu’en temps normal la guitare prend le dessus. "Perturbed" et son clip d’inspiration Tool est à ce titre un parfait exemple de maîtrise technique, où Meshuggah n’aurait pas fait mieux. La première moitié de l’album s’achève sur près de 7 minutes d’un mélange exaltant de musique hispanique et de riffs massifs, une vraie baffe. La suite ne fait aucun doute, on repart de plus belle dans les sphères complexes après un interlude bienvenu ("Liquid"). Les attributs techniques du quatuor font des étincelles, broyant tout sur leur passage, à l’image d’un Cycle destructeur exploitant néanmoins quelques moments prog, que "Ultima Necat" prolonge, interlude comparable à "Liquid", préparant à un dernier titre puissant qui rappelle les structures du début de l’album. Tel un cycle, Hacride finit par ce qu’il avait commencé, avec l’impression pour les oreilles d’avoir fait un voyage à la fois épuisant et transcendant. Une tuerie en somme.

Pierre