Ah la Norvège ! Ses fjords, ses têtes blondes et... son black metal ! Une nouvelle fois l'
Inferno Festival a mis les petits plats dans les grands pour occuper les métalleux de Norvège et d'ailleurs pendant ce weekend de Pâques. La tradition voulant que les Norvégiens profitent de cette célébration chrétienne pour aller skier dans les montagnes, Oslo est donc livrée aux amateurs de musique extrême. Un festival de cette envergure pour une capitale, c'est assez rare pour être signalé. Les
Wacken et autres
Hellfest se tiennent tous dans de petits villages. Le plus ? Accueillir plus de festivaliers qu'en ville. Par contre Oslo offrira des "plus" pour un festival métal, dont la projection en cinéma de films/concerts, une expo/vente de tous les éléments fondateurs de la communauté métal... Bref un confort qui fait plaisir à voir, bye bye camping et longues queues pour la douche.
L'
Inferno Festival c'est quatre soirées, du mercredi au samedi, avec une majorité de groupes norvégiens mais pour une majorité de groupes de black métal. C'est d'ailleurs sous le signe du black métal que se fera mon entrée dans le festival, avec la projection d'un documentaire sur le tourisme "black métal" ici en Norvège. Un plongeon sans compromis dans l'univers fantastique de cette musique si controversée au début des années 1990, en compagnie de deux américaines venues spécialement en Norvège pour s'imprégner des lieux emblématiques de cette scène musicale. Une entrée en matière directe, suivie d'une discussion avec Oddbjorn, un des réalisateurs (voir lien en fin d'article), puis direction le Rockefeller pour suivre la suite des hostilités. Deux scènes permettront une alternance tout au long du festival, un simple escalier faisant le lien avec le club John Dee, réservé aux "petits" groupes.
L'entrée dans l'arène se fait au son du pagan/black métal de
Kampfar. Énorme claque ! Complètement possédé par le malin, le leader de la formation Norvégienne fait un show impressionnant, martelant un public pris au dépourvu si tôt dans la soirée. Le quatuor prend progressivement possession des lieux avec une efficacité redoutable. Avec un début pareil, ça promet pour la suite.
Direction l'autre scène pour retrouver un style semblable, mais beaucoup moins ambiant que
Kampfar.
Azarth, touche Polonaise de la soirée, privilégie le mur du son, les milliards de notes à la secondes et le blast beat en mode automatique ; beaucoup moins intéressant pour le coup. En attendant
The Bataillon, pause bière (7 euros... no comment) et visite des stands de merchandising où tout se vend sur tout : du dernier opus d'
Anal Vomit jusqu'au T-shirt de la dernière tournée de
Mötley Crüe (et ça date). C'est aussi là qu'on affiche ses (dé)goûts, et la tendance 2009 est au... noir. Sur la terrasse surplombant le Rockefeller on peut aisément croiser le nouveau guitariste de
Gorgoroth (pas
God Seeds,
Gorgoroth), l'un des premiers chanteur de
Mayhem ou encore Necrobutcher de ce même
Mayhem. Bref le
Inferno Festival c'est
the place to be. À l'opposé du bâtiment, les tatoueurs encrent bon train, sous le regard attentif et envieux de nombreux fébriles à l'idée de passer le cap. Tout ceci nous mène à la prestation rock'n'roll de
The Bataillon, dans l'attitude surtout. Vu l'annulation de
Meshuggah à la dernière minute (le batteur ayant des problèmes de santé assez sévères),
Pestilence se voit propulsé en tête d'affiche d'un soir et c'est
The Bataillon qui bouchera le trou. Bien belle trouvaille ! Mélange de pur hard-rock non sans rappeler l'empreinte de Lemmy et de black métal (bien entendu), ce quatuor d'un soir ou presque aura filé la pêche au public, balançant vanne sur vanne, trinquant avec les premiers rangs et usant de pyrotechnie plus que de raison. Un vrai régal !
Du côté de John Dee, c'est
Ramesses, un trio Anglais représentant les couleurs du doom, qui remue les foules. Comme si
Ufomammut avait mangé
Torche le tout digéré à la sauce black métal (bien entendu). Malgré tout les éléments black sont à trouver dans le penchant atmosphérique des Anglais, ça reste du bon doom bien caverneux, du poilu, du rugueux, du bien masculin, à l'image de la grand majorité des spectateurs. La gente féminine est quant à elle largement (et superbement) représentée dans le public, à l'inverse des groupes présents au line-up.
Il est 23h et
Septic Flesh prend enfin d'assaut la scène principale, devant un parterre de fans plus qu'impatients (dont moi). Les Grecs donnent un show aussi virulent qu'assourdissant, d'une efficacité qui relaie
Kampfar loin derrière. C'est carré, chirurgical, malsain et définitivement jouissif. Les extraits de
Communion sont autant de coups de massue : les Grecs ne sont pas en vacances, se donnent à fond et le public d'Oslo le lui rend bien.
Unearthly Trance a la lourde tâche de prendre la suite sur la scène du John Dee, et la fatigue auditive fera son office, retour aux petites bulles.
Pestilence donnera un show honorable pour terminer cette remarquable première soirée, mais loin des attentes liées à la prestation de
Meshuggah.
Ah la Norvège ! Ses fjords, ses têtes blondes et... sa gueule de bois ! En cette magnifique journée de printemps les
metalheads ont un peu l'air de zombies dans les rues d'Oslo. Comme chaque après-midi durant le festival, des films sont proposés pour accélérer la digestion. Après "
Murder+art+Norway=Tourism" hier, c'est aujourd'hui un live de
Darkthrone datant de 1990 sur l'écran. 30 minutes de live sans fioritures (et sans maquillage) d'un groupe fondateur de la scène black métal Norvégienne. S'en suit un petit bain de soleil sur la terrasse du Rock In, un des hauts lieux du métal ici à Oslo, en compagnie d'Oddbjorn, un des réalisateurs du documentaire vu hier. Une interview rapide (voir lien en fin d'article), quelques bulles et on se dirige vers le Rockefeller où la prestation de
Vreid est sur le point de commencer. Le public a chassé sa gueule de bois et c'est avec une ferveur rarement observée que les
Vreid font leur entrée en scène. Visiblement inspirés par l'Histoire et plus particulièrement la première moitié du XXe siècle et l'occupation Allemande de la Norvège, le quatuor met tout le monde "chaos". La pyrotechnie et le jeu de scène des locaux de l'étape ne font que rajouter à l'incroyable efficacité des titres de
Milorg. Une véritable démonstration et un show bien trop court (45 minutes), mais c'est là la dure loi des festivals. Sur les conseils avisés d'une Norvégienne d'origine Finlandaise (hum...), direction le John Dee pour assister à la prestation de
Pantheon I. Il est encore une fois question de black métal (surprise ?), plus qu'influencé par le death d'inspiration
Morbid Angel. Si l'on ajoute à cela une violoncelliste digne d'
Apocalyptica, on obtient une véritable bombe, concentré de riffs assassins, chaudement recommandé pour les réveils difficiles. On aurait pas rêvé mieux pour faire patienter avant la prestation TRÈS attendue de
Keep Of Kalessin sur la scène principale. On a beau avoir vu des groupes magistraux jusque là,
Keep Of Kalessin va au-delà. Le groupe est chez lui et prend d'assaut le Rockeffeller avec une aisance ahurissante. Avec un batteur aussi redoutable que Vyl, les Norvégiens font une démonstration plus que convaincante à grands coups de black/trash. Un vrai régal, un véritable spectacle, un grand moment et certainement l'un des concerts les plus marquant jusque-là. Complètement lessivé après
Keep Of Kalessin, nouvelle pause bulle (ouch, encore 7 euros...) en compagnie de
Vicious Art, gentils messieurs tout bien sages comme il faut. Et nooooon !
Vicious Art prodigue un brutal death à déterrer un cadavre, complètement dingue à l'image de son hurleur de leader, hypnotique et complètement fou. Un vrai fou. La prestation que livrent les Suédois est d'anthologie, et le public du John Dee se défoule autant que les musiciens sur scène. De cette énergie à l'état pur, on passe à la maison de retraite avec l'entrée de
Paradise Lost sur la scène principale. Pas convaincant pour un sou, la formation Anglaise représente la vielle garde alors que se sont enchaînés des groupes déchaînés d'une nouvelle génération. Sur scène c'est un peu l'hospice, même si le public Norvégien headbangue (sic) avec générosité. La déception est pour moi aussi grande que l'attente qui avait précédé l'entrée en scène des Anglais. Un show calculé, dans les clous, trop formel. Ne reste plus qu'à arpenter les rues d'Oslo pendant 1h30 pour regagner son chez soi. Demain, ya du gros !
Au troisième jour du
Inferno Festival, les festivaliers se préparent pour un dernier coup de massue. Et si de nombreux groupes de talent sont présents ce soir, la promotion de la soirée est largement axée sur la prestation de
Carpathian Forest. Verdict un peu plus bas.
En attendant c'est par
Black Comedy que commence cette dernière soirée pour moi. Les Norvégiens ont déjà marqué les esprits lors de la soirée "clubs", mercredi dernier. Digne représentant d'un métal couillu,
Black Comedy s'offre une nouvelle fois avec une générosité sans pareil, haranguant la foule à chaque opportunité. Un concert de grande qualité que je dois malheureusement écourter pour donner un coup de main à Oddbjorn, rencontré deux jours plus tôt, pour le tournage du DVD live de
Troll. Me voilà donc cameramen pour un soir !
Troll qui joue en Norvège, c'est très peu surprenant finalement, les Norvégiens étant fans des histoires de trolls justement. Mais
Troll qui joue en Norvège c'est aussi inattendu, le groupe n'ayant pas fait de concerts depuis 1993 et la formation du quintet. Une volonté partagée par de nombreux groupes de black métal en Norvège : sortir des CD et cultiver la rareté des apparitions live. Avec son black métal à clavier,
Troll assomme les premiers rangs tout en levant certaines questions chez votre serviteur. Pour avoir voulu voir un groupe de black métal norvégien hurlant "gloire à Satan", je suis servi mais néanmoins interloqué quand le leader annonce les titres, dont "Kill the christians" : la première fois, même si le public sait pertinemment que ce n'est qu'une démarche artistique, ça surprend ! Après confirmation auprès d'Oddbjorn, il s'agit bien d'une volonté de choquer, les membres du groupe ne sont pas extrémistes. Musicalement, le groupe manque un peu de maturité (logique), mais se défend avec fougue. Une prestation massive et assourdissante, que vous pourrez donc retrouver dans un futur DVD live. Au John Dee,
Grand Magus a presque terminé son set de heavy metal à voix de fausset. Petite pause agréable pour les oreilles, mais sans plus. Il faut dire que c'est
Samael qui prend la suite sur la scène principale quelques minutes plus tard, et l'attente se fait longue même si le combo Suédois fait mieux que bien. Les voilà donc les
Samael, vielle garde surproductive du black métal à forte influence industrielle. Alors que
Paradise Lost hier était d'un ennui mortel,
Samael met ce soir toute son expérience au service d'un set époustouflant. Le quatuor Suisse donne une sacrée impression de maîtrise, dans le bon sens du terme, échangeant beaucoup avec le public. Sur scène, la froideur des batteries électroniques alliée aux lourds riffs arrêtés est magistrale. Bref un concert à élever au rang des meilleures prestations de ces trois jours. Pause auditive sur la terrasse du Rockffeler pour quelques bulles.
Code, ce sera sans moi. C'est là que je croise Gaahal de ex-
Gorgoroth actuel
God Seeds. Impressionnant le type n'empêche, lui qui a tant fait parler de lui par ses pratiques extrêmes, convaincu de violence par la justice Norvégienne et prêt à tout pour faire parler de lui. Bref, ça met dans l'ambiance pour le fameux concert de
Carpathian Forest destiné à clore l'Inferno Festival édition 2009.
Prévu pour 1h du matin, le set ne commencera que 25 minutes plus tard, mais aucune surprise de ce côté là. Les rideaux s'ouvrent sur une scène où des figurants portent les couleurs de deux drapeaux Norvégiens inversés, et aux côtés garnis d'autres étendards criant "fuck you all" par écrit. Deux autres figurantes en sous-vêtements partageront la scène pendant le premier titre, imitant des rapports sexuels alors que le leader de la formation harangue la foule de son growl caverneux. Qu'on se le dise, Satan est dans la place. Musicalement,
Carpathian Forest n'atteint pas le niveau moyen des groupes apparus ici pendant ces trois jours, comme si le côté musical était remis au second plan. À l'importante attente qui avait précédé ce show succède une véritable déception. Car plus que jamais, ce n'est pas un groupe de black métal, dont l'objectif avoué est de choquer, qui choquera quiconque dans un festival de black métal. Enfonçant porte ouverte sur porte ouverte,
Carpathian Forest crée le même ennui chez moi que
Paradise Lost hier.
Pour une première pour
W-Fenec, l'
Inferno Festival aura largement tenu ses promesses! Des groupes formidables, des rencontres improbables et une ambiance générale plus qu'agréable. Si vous ajoutez à cela une Oslo dans ses plus beaux habits de printemps, ce festival m'aura réconcilié avec les genres les plus extrêmes du métal. Bref, venez-y, venez vous ruiner en bières, faire des hélicos et profiter d'une affiche toujours alléchante !